Philosophie

Concept de coaching 

Le chemin de l’athlète

Pour imager ma vision d’un projet sportif ou de la carrière d’un athlète, celui-ci est comme un kayakiste qui se trouve sur un lac. Son objectif est d’atteindre la plus haute source du bassin d’eau. Les premiers coups de pagaye sont faciles. Il y a peu de courant et l’embarcation glisse facilement en direction de l’objectif.

Mais nous voici à l’embouchure du fleuve, le courant devient plus fort. Pour continuer à avancer le kayakiste doit fournir des efforts encore plus grands. Le lit du fleuve se rétrécit, la pente et le courant augmentent. Les premiers choix se présentent au navigateur. Quel affluant doit-il suivre afin de rejoindre la source la plus haute ? Pour quelle stratégie va-t-il opter ? Ses choix faits, il se trouve actuellement sur une rivière, le courant devient de plus en plus entrainant.

Pour continuer à progresser, le kayakiste fournit toujours plus d’efforts. La rivière se transforme ensuite en ruisseau. Le courant repousse sans cesse l’athlète en direction du lac. Il fournit des efforts de plus en plus difficiles, à cela s’ajoute la difficulté de slalomer avec son embarcation entre les rochers, pour éviter que celle-ci ne s’échoue.

Alors qu’au début un coup de pagaye lui permettait de fendre l’eau sur plusieurs mètres, maintenant le même coup de pagaye lui permet à peine de rester sur place. Il gère et planifie son effort, le moindre arrêt de pagayage dans un moment peu opportun fera reculer son embarcation de nombreux mètres. Chaque centimètre de gagné demande une implication mentale et physique considérable.

Avec tous ses efforts, le kayakiste touche du doigt son objectif en rejoignant la source la plus haute du lac. Une fois celle-ci atteinte, le sportif luttera encore pour rester au plus près d’elle.

Il n’existe aucune carte tracée qui mène directement à l’objectif. Il arrive que le kayakiste se démotive et décide d’arrêter de pagayer. Dans ce cas, il se fera emporter par le courant et finira par rejoindre son point de départ. Cependant toutes les compétences qu’il aura assimilées pendant son trajet lui appartiendront pour la vie. Il pourra décider plus tard de remonter à nouveau à la source, mais cette fois les savoirs qu’il aura acquis lui permettront de remonter plus rapidement. Ainsi, il aura déjà de l’expérience pour atteindre son prochain objectif, il pourra également utiliser les connaissances acquises en navigation pour rallier des autres sources.

Vision du rôle de l’entraîneur

Pour moi le métier d’entraîneur ressemble fortement à celui de jardinier. Avant toute chose le jardinier étudie le type de terrain sur lequel il va travailler ainsi que sa composition, son ensoleillement et la quantité des précipitations. Ces paramètres étant connus, il réfléchit à quel sera le fruit ou le légume qu’il souhaite faire pousser et à quel moment de l’année. Il planifie les rotations des cultures et laisse également la terre se régénérer. Bien entendu, il suit le rythme imposé par les saisons.

Il en est de même pour l’entraineur qui analyse la situation. Quelles sont les chances et les faiblesses de la structure, de ses athlètes, quel est le niveau auquel il se trouve et celui qu’il veut atteindre. Une fois cette analyse établie il planifie les objectifs ainsi que le chemin pour les atteindre.

Lorsque l’analyse de la situation et le calendrier sont établis le jardinier prépare le sol et plante ses semis. Ensuite, il prendra soin de ses jeunes plants, enlèvera la mauvaise herbe, afin que les jeunes pousses aient des conditions propices pour se développer. Il mettra des tuteurs pour les soutenir dans leur croissance, et les orienter dans une direction. Mais au final la plante poussera comme elle le veut. Le jardinier ne peut pas la forcer à prendre une direction, au risque qu’elle ne se développe pas et ne produise pas au mieux.

Pour utiliser tout le potentiel de ses graines, le jardinier comme l’entraineur doit affectionner leur terrain, l’entretenir de manière régulière, il contrôle que les plantes aient suffisamment d’eau et le cas échant y remédier. Il est attentif aux premiers signes de fatigue et effectue le nécessaire pour éviter que des maladies se développent et se propagent.

L’entraineur comme le jardinier peut s’entourer de spécialistes qui vont l’aider à prendre les bonnes décisions au bon moment. 

Le jardinier est dépendant des graines qu’il dispose. Il ne pourra pas transformer un framboisier en fraisier, même avec les meilleures techniques de bouturage. Par contre, il peut cultiver son framboisier pour qu’il produise les meilleures framboises au monde. Un mauvais jardinier pourra également obtenir des résultats si la graine qu’il a plantée est une graine prometteuse. Un bon jardinier n’aura pas obligatoirement le plus gros, ou le plus beau des fruits, mais on le reconnaitra par la qualité régulière qu’il propose. 

Il y a autant de techniques de jardinage que de jardiniers autant qu’il y a d’entraineurs et de styles d’entrainement, mais le plus important est qu’ils s’adaptent à leur environnement, qu’ils identifient et développent les forces de chacune de leurs pousses.

L’expérience est essentielle dans ce développement, celle-ci leur permettra de reconnaître et de corriger rapidement les situations et ainsi d’éviter de reproduire les erreurs. 

Une fois la saison terminée, ils analyseront le développement général, le développement de leurs protégés, ainsi que les progrès des partenaires.

Dernière similitude, tant le jardinier que l’entraineur doit parvenir aux meilleurs résultats. Ce succès ne peut cependant pas être garanti. Un orage de grêle et tout le potager est détruit. L’entraîneur et son athlète ne sont pas mieux lotis, une blessure, une maladie ou d’autres circonstances indépendantes de leur volonté et la saison est terminée.

L’importance autant pour l’un que pour l’autre est de travailler de manière pérenne. Ils doivent avoir une vision à long terme et holistique, car s’ils épuisent leurs ressources, ils ne pourront plus produire des fruits de qualité.